Le GSPC appelle les Algériens à s'en prendre aux Français© AFP
Photo du chef du GSPC, Abou Moussaab, et du guide spirituel du groupe, Sheikh Ahmed Abu al-Baraa, le 31 janvier 2006
Le nouvel appel du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), allié du réseau Al-Qaïda, à combattre les Français confirme que ce mouvement constitue la première menace visant la France, estiment mardi des spécialistes du terrorisme.
"Combattez les ressortissants de France et les agents des croisés qui occupent notre terre", a lancé au "peuple algérien musulman" le chef du GSPC, Abou Moussaab Abdel Ouadoud, alias Abdelmalek Droukdal, dans un message sur des sites islamistes.
"Nos pères et nos ancêtres ont combattu la France croisée, qu'il ont expulsée dans l'humiliation", ajoute-t-il, déplorant que "la France, sortie par la porte" revienne "aujourd'hui par la fenêtre" en Algérie.
Ces menaces "contre le colonisateur français sont toujours un thème mobilisateur en Algérie", même si Abdelmalek Droukdal "est incapable de perturber sérieusement" la vie quotidienne en Algérie, estime Louis Caprioli, chef du service antiterroriste à la DST de 1998 à 2004.
Né d'une scission en 1988 du Groupe islamique armé (GIA), décrédibilisé par ses massacres de civils et aujourd'hui disparu, le GSPC est implanté en France et dans les pays voisins, soit quelques centaines de personnes, estiment les services de renseignements et de contre-espionnage français qui le qualifient de "première menace terroriste" contre la France.
Le ralliement du GSPC à Al-Qaïda a été officiellement annoncé le 11 septembre 2006 par Ayman Al-Zawahiri, numéro deux d'Al-Qaïda.
Le GSPC mène régulièrement des opérations terroristes dans le Maghreb et dans la zone du Sahel. C'est probablement un groupe du GSPC qui a participé aux deux affrontements meurtriers survenus les 23 décembre 2006 et 3 janvier en Tunisie, estime un haut responsable d'un service de renseignements français sous couvert de l'anonymat.
Le GSPC avait aussi revendiqué l'attentat anti-américain du 10 décembre 2006 (un mort et neuf blessés, dont huit étrangers) à l'ouest d'Alger.
Pour les services de renseignements français, le GSPC compte de 500 à 800 hommes qui se déplacent en Algérie et dans la zone du Sahel, en Mauritanie, au Mali et au Niger, espace "mal contrôlé" par les gouvernements de ces pays. Il y dispose de camps nomades à partir desquels il mène des raids, souvent de plusieurs centaines de km, avec des 4X4 équipés de mitrailleuses.
C'est à la demande des services de renseignements français que l'étape aller-retour entre Néma (Mauritanie) et Tombouctou (Mali) du Dakar-2007, parti de Lisbonne samedi, a été d'ailleurs annulée par les organisateurs.
"Le GSPC est infiltré au Maroc et a des contacts logistiques avec le Groupe islamique des combattants du Maroc (GICM) soupçonné des attentats de Madrid (191 morts le 11 mars 2004) et de Casablanca (Maroc, 45 morts le 16 mai 2003) et en Tunisie", souligne Alain Rodier, ancien officier des services de renseignements et auteur du livre "Al-Qaïda, les connexions mondiales du terrorisme" (Ellipses).
Depuis l'annulation du premier tour des élections législatives algériennes de décembre 1991 remporté par le Front islamique du salut (FIS, dissous), rappelle Alain Rodier, les islamistes radicaux, dont le GSPC, accusent la France de soutenir le régime algérien.
Si "des attentats du GSPC contre des intérêts ou des ressortissants français en Algérie semblent peu probables en raison des mesures de protection maximale, avance Alain Rodier, la France constitue toujours un ventre mou avec une menace permanente et immédiate".