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 [Nouvelle] Suicide Festif

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Xebece
Zoen
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MessageSujet: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 13 Jan 2007 - 10:30

Histoire de faire vivre un poil cette partie, je vais délivrer par semaine un épisode d'une relatigvement courte nouvelle (que Nodh1 connait bien pour avoir corriger les fautes d'orthographes xD)

Elle a déjà un peu plus d'un an, alors soyez indulgent, mais j'accepte les critiques =)


Suicide festif


I




J’en ai marre.
Est- ce que quelqu’un ici est capable de m’expliquer pourquoi il faut toujours que ça m’arrive à moi ?
Est-ce que quelqu’un ici est capable de me dire pourquoi a-t-il fallu que je naisse sans la moindre petite parcelle de chance ?
Tiens, d’ailleurs, parlons-en de ma naissance ! Déjà histoire de ne pas faire comme tout le monde, il a fallu que je me débrouille pour pointer ma tête, avec presque un mois de retard soit dit en passant (comme quoi j’avais calculé mon coup), le 1er janvier 1973 à 02h51 ! Quoi ? Vous ne voyez pas ce qu’il y a de dramatique a cela ? Mais que faisiez-vous le 1er janvier 1973 à 02h51, vous vous en souvenez… ?Non hein ? Hé bien c’est pour la simple et excellente raison qu’a cette heure là vous étiez, comme sûrement plus de la moitié de la planète, rond comme un flan entrain de débiter des âneries à deux centimètres d’une blonde pulpeuse (connue ni d’Adam, ni d’Eve) qui essayait tant bien que mal de fuir votre haleine de poivrot. Ha ! ça vous revient tout à coup ! Il faut dire que les souvenirs des nouvel ans sont souvent très brumeux et qui plus est légèrement douloureux.
Mais revenons-en à moi.
C’est donc dans cette ambiance festive et insouciante que je décide de voir a quoi peut bien ressembler le monde (depuis le temps qu’on m’en parle à travers la parois doucement rougeâtre du ventre de ma mère…). Vaillant, déterminer, voire même impatient ! (que les enfants sont naïfs !) Je tire la sonnette d’alarme et déclenche le déchaînement des eaux. La réaction ne se fait pas attendre, ni une ni deux, mon père projette ma capsule de survie dans la voiture et nous amènent illico à la clinique du coin. Mais là-bas : personne. Mon père klaxonne, sort furibond de sa voiture, hurle dans l’entrée…mais rien. Au bord de la crise de nerfs, sa tâche n’est pas facilitée par ma mère qui y met son grain de sel en poussant quelques petits :
_oula, oulala, oulalalala !
Ce qui a le don d’exaspérer mon père. Aussi bien pour fuir les jérémiades que pour trouver de l’aide, il se met à arpenter les couloirs de la clinique. Il finit par trouver un médecin, complètement ivre mort affalé entre deux tables d’opérations. Mon père, qui s’avançait pour lui coller deux baffes dégrisantes à souhaits, fut retenu par des bruits très louches provenant de la porte d’à côté.
Suspicieux, il s’approcha doucement de la porte…les bruits ne se calmaient pas, cela ressemblait un peu aux sonorités émises par un évier lorsqu’on tente vicieusement de le déboucher à l’aide de ses bidules en caoutchouc rose. Il jeta un oeil discret dans l’encablure et découvrit alors le compagnon d’arme du médecin, mort au combat. Ce compagnon, qui était en fait une femme, ne valait guère mieux. Elle était à genoux entrain de régurgiter méthodiquement tout ce que pouvait contenir son frêle estomac. Visiblement, il en contenait pas mal. Voir beaucoup. Même énormément. Mon père commençait à reculer, de peur que les toilettes débordent et provoquent une inondations de suc gastriques lorsque enfin les spasmes s’arrêtèrent.
Levant une tête bariolée de la cuvette des chiottes, l’infirmière déclara, très pro :
-je peux faire quelque chose pour vous , monsieur ?
Un peu décontenancé, mon père oublia sa colère et s’entendit répondre d’une voix de futur papa inquiet :
-hé bien en fait j’ai ma femme qui est entrain d’accoucher dans l’entrée et je me disais qu’ici on pourrait peut être nous renseigner sur la meilleurs façon de réagir… ?
-Ha mais en fait il faudrait voir ça avec le médecin de garde ! déclara-t-elle après quelques secondes de réflexions dédiées à l’analyse de la nouvelle situation.
-Le médecin de garde n’est plus en état de garder grand chose.
-Ca c’est un problème…qu’est ce qu’on va faire ? Il n’y a que lui ce soir, tout le monde est parti faire le nouvel an !
-Il y a vous.
-Ha mais non monsieur ! vous ne comprenez pas ! Je ne suis pas habilité à ce genre de travail ! Si quelque choses arrivait, je serais viré instantanément et qui plus est avec un procès sur le dos si vous vous sentez un petit peu revanchard !
La petite infirmière fraîchement revenue du royaume des brumes n’avait sans doute pas fait attention à la couleur du faciès de mon paternel, qui avait doucement viré au rouge sang au fur et à mesure du dialogue. Oubliant d’un coup tous ses préceptes de politesse et de diplomatie, il déclara solennellement mais fermement :
-Si vous voulez pas que je vous fasse bouffer le rebord de ce putain de trône décoré à la gerbe, vous avez intérêt à vous occuper de ma femme et du marmot qui va en sortir vite fait bien fait ! Compris ?!
L’infirmière opina que, oui, en effet, elle avait bien saisi les subtilités du problème. C’est donc côte à côte qu’ils se précipitèrent vers l’entrée, négociant avec soins les virages, dérapant sur le sol glissant, tel un conducteur de rallye et son copilote.
A la ligne d’arrivée, ma mère avait élu domicile sur une rangé de siéges destinés à faire patienter les impatients. Et impatiente, croyez bien qu’elle l’était, tout comme moi d’ailleurs puisque je n’avais pas eu la décence d’attendre la présence de mon père pour commencer à sortir de mon cocon. L’infirmière se précipita vers ma mère, mais tomba malencontreusement dans les pommes après avoir aperçu tout le sang que j’avais eu l’incorrection de répandre partout sur les sièges ainsi que sur la robe de ma mère.
C’est donc mon père qui dût se charger du travail. Il paraît que ce fut une boucherie, mais bon, j’en suis sortit vivant, c’est le principal…
Quoique…
Non, parce que honnêtement, j’en ai plus que marre, j’en vois que ça fait rire là au fond, prés du radiateur et de la fenêtre, mais je jure que là, je sature.
J’espère seulement que le malheur des uns fassent le bonheur des autres, comme ça au moins je serais d’utilité publique.
Et vous voulez que je vous dises le pire ?


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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 13 Jan 2007 - 10:48

Pas mal pas mal javoue, un petit brin d'humour tout le long de ce texte bien drole et le thème la malchance et bien trouvé
Apres les naruto et les bleach que j'attend chaque semaine, peut etre vais je attendre la suite patiemment
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 13 Jan 2007 - 11:12

ça se lit très bien! :gourou:
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ccil.mary
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 13 Jan 2007 - 11:46

Très bien cette petite histoire ^^ a quand la suite? moi je veux savoir le pire!loool
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeMer 17 Jan 2007 - 0:31

Le pire, c’est que je ne peux même pas m’apitoyer sur mon propre sort. Hé non, je suis atteint du triste syndrome de l’empathie. Il suffit que j’allume la télévision, que je tombe sur les infos, et je me dis que j’ai vraiment pas à me plaindre. Non c’est vrai quoi, j’ai un toit (et un plancher même, avec des murs autours), de quoi manger tous les jours, et une télé ! Je sais même lire et écrire ! Paraît que ça suffit pour être classé dans les ultra favorisés de la planète ! On est pas 10% à pouvoir s’en vanter, alors je ne vois vraiment pas pourquoi je me plains…
Et pourtant je vous jure que, en ce moment même, je joue avec l’idée de rester ou non dans ce monde qui apparemment ne me souhaite pas. Quel intérêt de continuer à avoir de la malchance, vous pouvez me le dire ?C’est lassant, je peut même plus sortir au supermarché sans que je prenne tous les risques du monde. Si quelqu’un à laisser tomber une peau de banane dans le quartier, vous pouvez être sûr a 100% que je vais mettre précisément mon pied dessus. Car je ne suis pas que malchanceux, je suis aussi extrêmement tête en l’air. Me souviens de rien. UN rendez-vous important pour un job ? Oublié. Un rancart avec une fille ? Oublié, et pourtant ce n’est pas ce qui m’arrive le plus fréquemment.
Je vais vous dire, après ma naissance ça n’a pas été une partie de plaisir non plus. Je le déclare haut et fort, la cour de mon école primaire fut pour moi l’outil de torture le plus subtil mais néanmoins efficace qu’il m’ai été donné de tester.
Par exemple, le football. Dans mon école, il était interdit d’amener un ballon de foot, et l’école n’en mettait qu’un seul à disposition des élèves, et ce à raison d’un jour de la semaine par classe. Mais la passion du football ne connaît pas de limite de temps, surtout à cet age impatient.
Que faire ? Une envie de jouer au foot, pas de ballon…je ne sais pas qui a eu la brillante idée de proposer un caillou en guise de balle, mais si je le croise un de ces quatre il peut être sûr que je le remercierais chaleureusement.
Il a fallu qu’un gros bourrin tire comme un bœuf dans ce caillou et qu’il aille se ficher directement dans mon tibias, évitant soigneusement toutes les autres jambes. Vlan, point de suture. Et ce n’est pas fini. Quelques semaines après, remis de mes émotions (on m’a cousu la jambe merde quoi !), nous avions investis dans une balle de tennis, assez discret pour passer inaperçue et moins dangereux que les pierres. Enfin, moins dangereux, mais pas pour tout le monde.
Comme ça faisait déjà plusieurs fois que je m’esquintais en jouant au foot, j’étais bien résolus à ce que cela cesse. Je me suis donc mis au goal, diminuant ainsi les risques que l’on me fasse un croche pied ou un autre truc vicieux dans le genre. Comme j’étais naïf. Pas de bol, la défense était une vraie passoire, et je me suis vite retrouvé seul face à l’attaquant qui était bien décidé à marquer. A ce moment précis, j’eus un pressentiment : j’allais encore m’en prendre plein la gueule. Il commençait à armer son tir. Un éclair de lucidité me traversa l’esprit : il va me le foutre en plein où je pense, je peux te dire que je vais le sentir passer. Pour esquiver ce coup, j’ai sauté sur place, espérant qu’ainsi la balle heurterait mes genoux, sauvant du même coup mes « choses » et le score (footballeur jusqu’au bout !).
Ça ne c’est pas du tout passer comme je le voulais.
Si j’avais su, j’aurais empilé des sacs de sables et me serais mis à couvert derrière avec un casque sur la tête.
Le gosse d’en face à décocher un gros pointard tout en finesse, ce qui a fait partir la balle n’importe où. Devinez quoi ? Le n’importe où fut très précisément mon œil gauche. J’ai été projeter en arrière alors que j’étais encore suspendu en l’air. Je profitais de l’atterrissage pour me défoncer le coude gauche, histoire de faire plus vrai…
Le résultat fut une belle dégradation de la cornée. Je me trimballais pendant une semaine avec un gros tampon sur l’œil, et je me mettais des gouttes qui me faisaient voir comme dans une jumelle à l’envers : intéressant.

Tout ça, direz vous, ce sont de banales accident de gamins. C’est vrai, je l’avoue, même si a mon école, j’étais réputer pour être celui qui fréquentait le plus l’infirmerie. J’en était presque devenu une attraction (« Venez voir le premier enfant momie ! Il bouge, il parle et il gémit ! pas cher l’entrée ! »).



II


L’enfance…bah si j’avais su, je ne m’en serais jamais plains ! Ho oui, l’enfance est le règne des innocences. Avec l’âge arrive cette inéluctable attirance pour ces drôles de bébêtes…les filles. Encore une invention débile ça. Alors que mon enfance était peuplé de souffrances physiques, avec l’âge vint les souffrances morales, ô combien plus horribles !
Avant de commencer, je voudrais casser ce lieu commun qui soutient que ce sont les hommes qui font souffrir les femmes…si l’on dit ça c’est juste que les filles se plaignent, les hommes eux s’enferment dans leur orgueil, mais ils en bavent également pas mal ! Comme souvent, on en oublie la moitié dans cette histoire, y’en a pour tout le monde. Et fatalement surtout pour moi.


A cet instant précis, je pose mon stylo bic bleu sur ma feuille de brouillon raturé à l’extrême. C’est qu’on arrive à un point critique là. Les souffrances morales j’ai toujours trouver ça moins drôle d’en parler. Et puis j’ai très faim aussi, je laisse donc la rédaction de cette lettre pour le moment. Je me lève de mon canapé vert bouteille récupéré au marché au puce, il y a dix ans, pour une bouchée de pain. Il se tient encore bien, il a fier allure si l’on fait abstraction des quelques ressorts que l’ont sent parfois nous chatouiller le postérieur. Je me dirige ensuite vers la cuisine, enjambe pour cela un amoncellement de vêtement sales qui traîne dans le petit couloir puis ouvre la porte en faisant bien attention a ce que la poignée ne se détache pas. J’aime bien mon petit appartement . Inutile de vous dire que ma malchance ne m’a pas conduit à la fortune, cependant ici je me sens chez moi. Il y règne peut-être un bordel sans nom, des meubles qu’on croirait débarquer de Verdun, une isolation quasi inexistante et un taux d’humidité suffisant pour se lancer dans l’élevage de grenouille, mais je l’aime bien ce petit appart. Une fois dans ma fabuleuse cuisine, j’ouvre le réfrigérateur dans un bruit de succion suivit du grésillement caractéristique qu’ils produisent. J’ai toujours peur qu’il m’explose à la tronche ce bidule. Faut dire qu’il est pas tout jeune. Mes yeux cherchent désespérément une quelconque denrée à me foutre sous la dents. Pour changer, y’a rien. Un sentiment de lassitude m’envahit. Il va encore falloir que je sorte et prenne mille risques pour aller me nourrir. Je lorgne sur mon téléphone, hésite à appeler une pizzeria quelconque, et renonce finalement au souvenir de la lourdeur de mon porte monnaie. Le monoprix me semble bien plus raisonnable.
J’enfile mon armure (un blouson en cuir d’aviateur, dur comme de la pierre, solide comme un demi de mêlée, et qui ne m’a jamais lâché), et sort dans le monde rude et hostile. Déjà, il faut descendre les escaliers. Figurez-vous que je loge au sixième étage, sans ascenseur bien évidemment. De toute manière je crois que ce n’est pas plus mal, car les ascenseurs ça tombe en panne, et surtout quand je suis dedans. Je commence donc ma déscension prudemment. Arrivé vers le milieu du second étage, j’esquive habillement une flaque rougeâtre et puante. Un peu plus bas, une forte odeur de pisse me saisit a la gorge. Surtout, ne pas se laisser déconcentrer, rester vigilant, ne pas déraper sur ces bouts de PQ par exemple là. Des gouttes de sueurs provoquées par le stress perlent au bord de mon front. Peut-être aussi est-ce la chaleur. Il faut dire que je ne risque pas d’avoir froid, avec mon armure sur le dos en plein mois de Juin. Je vois la grosse porte à double battant au fond du sombre couloir. Plus qu’un demi étage à descendre, la première victoire est proche.


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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 20 Jan 2007 - 20:09

J'ai tout lu!
c'est sympa, j'attends la suite alors..
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 20 Jan 2007 - 22:04

Toujours aussi sympa
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeMer 24 Jan 2007 - 23:21

roooo ce n'zo il prend pas en compte les gens qui ont des problèmes de vue c'est dur de de lire toutes ces petites lettres alignées Wink
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeJeu 25 Jan 2007 - 17:34

Ha désolé Bionic, mais si j'écris en plus gros les gens vont encore avoir plus peut de tout lire tellement ce sera long ^^

Merci à ceux qui se donne la peine de lire, croyez bien que ça me fait chaud au coeur Wink

Si vous avez des remarques, des truc pas clair ou que vous trouvez moche et à changer, je suis preneur bien sur.

Je posterais la suite ce week end probablement.
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeMar 13 Fév 2007 - 19:20

Ben alors, on attend la suite nous... lol
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeJeu 15 Fév 2007 - 11:38

Heu je met ça cette aprem ou demain, en fait c'est que je dois aller sur les ordi de la fac pour avoir le net et j'oublis tjrs de mettre le texte sur clefs USB...bref ça arrive ! =)
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeJeu 15 Fév 2007 - 17:28

Voilà, j’y suis. Je pousse la porte dans un soupir de soulagement mêlé à
l’inquiétude de ce qui m’attend. Ce qui m’attend derrière la porte est ramassé en
boule sur le trottoir, il est tout marron, il pue comme ce n’est pas permis et pousse
des grognements louches dans une sorte de demi-sommeil. Je ne l’avais jamais vu ici
auparavant. Est-ce un nouveau dans la profession ? Je le regarde attentivement. Il
n’a pas l’air encore trop atteint par le vie au grand air de la ville. Un clochard de
plus. Emmitouflé dans sa couverture marron, il finit paisiblement sa nuit. Encore une
fois, je me dis que je n’ai vraiment pas à me plaindre. Je continue mon chemin avec
un goût amer dans la bouche. Dieu que je me déteste. Je pense à cet homme, une
aide, juste lui parler, accorder un regard, ne pas faire comme s’il n’existait pas. C’est
la dernière forme d’exclusion dont ils sont victimes. Tout d’abord ils perdent leurs
amis et leurs familles, puis leur amour propre, et enfin, ils perdent leur existence
même. Certains crient leurs présences avec une guitare ou juste leur voix, mais
combien les entendent ? D’autres se contentent d’être là, sur le bord du trottoir, et les
passants les remarquent autant que si ils croisaient une poubelle pleine.
Et ce qui devait arriver arriva. Plongé dans mes pensées métaphysiques, je n’ai
pas suffisamment fait attention. C’est toujours pareil. Je n’ai pas vu ce poteau
destiné à empêcher les voitures de stationner sur le trottoir. Ce genre de petit poteau
à hauteur de bassin. Je ne l’ai pas vu, voilà. En revanche, je l’ai senti. C’est très
douloureux. Une larme a commencé à perler au bord de mon œil gauche alors que je
réprimais un cris de douleur. La douleur se vit au présent mais se raconte au passé.
Et là, j’avais très mal. Je titube en pensant que mon armure est incomplète. A quand
le pantalon de rocker en cuir dur et tendu ? Je vocalise deux trois notes pour vérifier
si je ne suis pas passé soprano, et continue courageusement ma progression.
Heureusement que le monoprix n’est pas trop loin. Je n’ose imaginer si je devais
prendre le bus. Du suicide.
Quand j’arrive dans les rayons du supermarché, je fais la quête aux réductions.
Moins 50% par-ci, je prends, le deuxième offert, j’achète ! Mon panier en plastique
rouge est déjà plein. J’essaye de calculer mentalement la somme totale. Ensuite,
j’ouvre mon porte monnaie et plonge un œil plein d’espoir à l’intérieur. Oula…C’est
sombre là-dedans. Vaillamment, un billet de 5euros fait dépasser un bout de sa robe.
Plus les quelques petites pièces qui tentent désespérément de combler le gouffre…ça
passera pas. Je me sépare de certaines choses pas forcément utiles dans l’immédiat
puis me dirige vers la caisse. Je déteste ce moment. C’est toujours à cet instant que
quelque chose cloche. Par exemple, s’il faut qu’il y ait un produit non étiqueté dans
tout le magasin et que le prix ait été égaré, vous pouvez être sûr que je suis entrain
de le poser à l’instant même sur le tapis. Anxieux donc, ou plutôt blasé, j’attends que
l’inévitable se produise.
Hé bien aussi incroyable que cela puisse paraître, le passage se déroula sans
aucun accroc. J’avais même juste le compte d’argent ! Il faut que j’arrête d’être
parano, peut-être qu’un semblant de chance revient à moi ?
Je rangeais mes provisions durement acquises, et me dirigeais vers la sortie
quand une sonnerie d’alarme retentit. Je me retournais juste au bon moment pour me
faire rentrer dedans par un type sans âge qui courait, un paquet de je-ne-sais-quoi à
la main. Le choc me fit tomber à terre. Je me relevais précipitamment : j’ai toujours
trouver dégradant d’être au sol. Pour fuir les regards moqueurs que j’imaginais sur
ma personne (parano j’vous dit !), j’allongeais le pas pour prendre la sortie. Quelle
erreur ! Le gorille de service (un type aussi haut que moi, mais en largeur) qui
n’avait rien vu de la scène d’avant, m’alpagua avec fermeté.
-Dites voir Monsieur, où vous allez comme ça ?
et d’ajouter avec un petit sourire narquois :
-On a oublié de passer à la caisse ?
Voilà, c’est bien ma veine ça, je dois avoir une tête de voleur (une tête de
turc ?). J’ai beau lui expliquer la situation, que ce n’est pas moi mais l’autre fusée
qui doit déjà être à l’autre bout de la ville à l’heure qu’il est, rien y fait. Hop, il me
traîne à travers le magasin dans le sens premier du terme. J’accroche du regard la
caissière qui a enregistré mes achats. Elle ne semble pas me reconnaître. Il faut dire
que j’ai une gueule de passe muraille, on a tendance à m’oublier sitôt sorti du
champs de vision. Et me voilà dans le bureau du directeur, où l’on m’explique que
blablabla, le vol est interdit blablabla. Je proteste (que faire d’autre ?), cherche
fébrilement le ticket de caisse dans mes sacs de provisions, et ne trouve rien
évidemment.
Ils me demandent de rembourser mes achats, chose dont je suis incapable
n’ayant pas l’argent. J’échappe de justesse au poste de police, et ils me relâchent
gentiment à la fermeture du magasin, mais sans rien à manger. J’ai très faim
maintenant. Encore une sortie dans le monde hostile qui a été un fiasco. J’arrive
devant mon immeuble et je constate que le clochard est toujours là. Il n’a presque
pas bougé de place, mais il est réveillé ce coup-ci. Voyant que je lui accorde un petit
peu plus d’attention que la moyenne, il en profite pour engager la conversation afin
de ne pas perdre la capacité de parler.
-B’jour M’sieur, belle journée n’est-ce pas ? me demande-t-il d’une voix
rocailleuse agrémentée d’un sourire légèrement édenté.
(En fait je l’avais peut être mal jugé : il doit être dehors depuis un certain
temps. )
-Si on veut oui…
Je ne résiste pas et ajoute :
-Ca fait longtemps que vous êtes dans la rue ?
-Ho ben heu, pourquoi qu’vous vous intéressez à ça ? Z’êtes des services
sociaux ?
-Non non, c’était par pure curiosité…bon, je vous laisse je dois rentrer préparer
à manger.
Au moment où la porte allait se refermer, je l’entend qui ajoute :
-Moi c’est Simon !
Je me retourne et lui crie dans un sourire :
-Thomas !
Il me sourit en retour. Je lui ai offert un peu d’humanité, et ça a suffit pour
égayer sa journée.
La mienne aussi.


Dernière édition par le Ven 23 Fév 2007 - 16:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeJeu 22 Fév 2007 - 19:58

Tout simple et très agréable, des petites notes de vie qui comptent beaucoup , pour certains :)
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeVen 23 Fév 2007 - 16:34

III



Non, je ne vais pas vous parler des filles…c’est trop compliqué on s’y perdrait. D’ailleurs je m’y perds moi-même, c’est dire. Je resterais évasif. L’adjectif yo-yo, ou pelote de laine…trop évasif peut-être ?
Hé bien disons que mon cœur fût un yo-yo, ou bien une pelote de laine avec laquelle un chat aux yeux émeraudes aurait joué jusqu'à ce que la pelote se soit entièrement déroulée. Vous savez, cette technique qu’ont les chats de donner un petit coup de patte dans la boule pour qu’elle s’éloigne, puis de courir après, pour ensuite redonner un petit coup de patte… Il y a un avantage cependant : maintenant que ma pelote est défaite, plus de risque que quelqu’un vienne s’amuser avec !
Et après y’en a qui voudrait que je sourie ?
Remarquez je fais ce que je peux. Je préfère rire de ma malchance qu’en pleurer. Des fois, j’en pleure de rire. Si encore j’avais des amis. Bah non, pas d’amis. Enfin plus d’amis. J’ai bien deux trois connaissances, mais ils m’évitent la plupart du temps. Ma malchance a fini par se voir et se savoir. C’est vrai, je reconnais que quelqu’un qui fait systématiquement tomber en panne la voiture dans laquelle il rentre, ça devient vite lassant. On évite de l’emmener en boite par exemple, ou à un dîner chez des amis.
-Ha non désolé je ne peux pas, je n’ai plus de place, il fallait m’en parler avant mon pauvre !
Moi j’acquiesce, pas presser de faire éclater la polémique. Ca les forceraient à me dire mes quatre vérités, et je n’ai pas envie. Je me les répète suffisamment tout seul.
Résumons donc vite fait : pas d’amis, pas de copine, même plus une pelote de laine suffisante pour en trouver une autre. Ma fenêtre perché au 6ème prend soudain des allures de liberté. C’est petit, c’est traître cette solution. C’est comme quand on était petit enfant : « hé ben quand je serais mort hé ben vous serez tous très triste et vous allez pleurer et vous allez regretter de m’avoir pas donné de bonbons et ce sera bien fait pour vous ! ».
Paradoxalement, le suicide est la dernière forme d’expression pour crier son existence aux autres. Mais je trouve que sauter du sixième étage, c’est beaucoup trop facile. Et puis, j’ai le vertige. De plus, il faut penser aux autres, c’est pas parce qu’on se suicide qu’on doit être égoïste, non non non. Imaginez un peu : je saute donc de cette fenêtre et je m’aperçois au niveau du troisième étage à peu près, qu’une petite fille qui porte une robe blanche et un serre tête rouge est en train de gambader joyeusement pour récupérer quelques fleurs. Hé bien imaginez le traumatisme qu’elle subira quand elle me verra m’écraser sur le sol, dans un horrible bruit d’os broyés qui la hantera jusqu'à la fin de ses jours. Non, je me refuse d’être le tortionnaire involontaire de la conscience d’une admirable petite fille qui a toutes ses chances devant elle. Donc, pas de fenêtre libératrice pour moi.
Je cherche d’autres idées…Tout d’abord, voyons les classiques. Je pourrais me noyer ? Non, mauvaise idée j’ai jamais su nager de toute manière, ce qui m’a donné une sainte horreur de l’eau. On laisse tomber la noyade.
Les rames de métro ? Ha non ! Hors de questions pour les même raisons que la fenêtre. Non pas qu’une petite fille cueillerait des fleurs au bord de la rame de métro mais non, trop de monde pour assister au massacre. Et de nuit je n’aime pas fréquenter le métro, j’ai toujours peur de me faire agresser, avec la chance que j’ai...
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeMar 27 Fév 2007 - 10:11

Mon ventre fait un bruit à briser ma fenêtre libératrice. Ca va plus du tout, ça me déconcentre et m’empêche de continuer à écrire cette lettre. Je range donc ces quelques feuilles sur le coin de ma table basse, me lève, puis me rassois. Que faire, je n’ai plus d’argent, je ne peux donc pas commander de pizza. Descendre pour aller retirer des sous ? Plutôt mourir avec la journée que je viens de passer.
Dilemme.
Mais comme ces petites antilopes dans les documentaires animaliers sur France, je ne résiste pas à l’appel incessant des besoins primaires : « la soif est plus forte que la peur, et les springboks se pressent pour boire malgré la présence de la lionne aux aguets. », explique la voix off avec un calme olympien. On remplace « soif » par « faim », « springboks » par « Thomas » et « Lionne aux aguets » par « malchance récurrente », et on obtient toutes les subtilités de ma condition actuelle.
En bas de mon immeuble, je retrouve mon moine Shaolin qui n’a pas bougé d’un pouce. Pourtant je reste bouche bée à sa vue. Il a une pizza entre les mains ! Encore toute chaude, et dans son carton d’origine ! Il est d’ailleurs entrain d’en avaler goulûment une belle portion. Mon ventre crie sa jalousie, ce qui signale ma présence à l’autre goinfre.
-‘core vous M’sieur ? Z’avez bien manger ?
Je me demande si il se fout de ma gueule grâce à un don de voyance, avant de me souvenir que j’avais pris cette excuse pour m’enfuir tout à l’heure.
-Hé bien à vrai dire mon frigo est vide, mon porte monnaie aussi et j’étais parti voir si ma carte bleue ne valait pas mieux .
-Z’en voulez une part ? me demande-t-il en me tendant un bon quart de pizza.
Et là, tout le paradoxe de la situation m’apparaît. C’est lui qui se permet d’être généreux, c’est lui qui a à manger et c’est moi qui loge six étages plus haut. N’importe quoi. L’odeur de la pizza me chatouille le nez. J’ai très faim. Mais un cas de conscience s’offre à moi. Je ne vais tout de même pas retirer le pain de la bouche de quelqu’un de plus démuni que moi. Ce n’est pas moral. Non, je ne peux pas. Mon estomac ne semble pas d’accord avec cet argument et le fait savoir par un grondement toujours plus impressionnant.
Le besoin primaire fut le plus fort : je me délectais donc de cette fabuleuse part que j’appréciais d’autant plus car c’était un coup de chance qu’elle soit arrivé dans mes mains. Oui, parfaitement : un coup de chance.
Pour remercier mon bienfaiteur, j’engageais timidement la conversation.
-Et, dites-moi, vous l’avez eu comment cette pizza ?
-Vous savez quand on a faim on trouve toujours un moyen de se nourrir. Après tout dépend de jusqu’où vous voulez allez. Celle-ci, je l’ai tout simplement piqué dans un coffre de ces mobylettes à pizzas, alors que le livreur avait oublié je ne sais quoi à l’intérieur du magasin. J’ai eu un coup de bol quoi…pour une fois que ça m’arrive.
-Vous aussi vous êtes malchanceux ?
-Ha bah c’est peu dire ! Vous croyez sincèrement que si j’avais d’la chance je logerais au pied d’un immeuble minable ?
-…
-…non, ça j’ai pas d’chance, c’est le moins qu’on puisse dire. Un jour je vous raconterai ! Vous verrez !
Ce cher Simon (hé oui, ils ont des noms aussi !) se renfrogna. Il commença à bougonner dans sa barbe naissante. Une curiosité malsaine m’envahit. Quelqu’un de plus malchanceux que moi ? Une aubaine ! Je tentais donc de faire sortir mon interlocuteur de sa prostration.
-Et avant vous faisiez quoi ?
-…avant quoi ?
-Ben…avant j’veux dire…avant que vous soyez devant cet immeuble.
-Je logeais dans un local à poubelle dans une cité pas très loin d’ici, mais
comme maintenant il fait beau, je préfère être là, y’a moins de p’tits cons qui viennent vous emmerder !
-Non mais je voulais dire…avant de vous retrouvez dans la rue !
-Z’êtes sûr que vous n’êtes pas des services sociaux vous ? Nan parce que je m’en méfie moi, des services sociaux. Ils ont tôt fait de vous embarquez pour je n’sais où avec je n’sais qui. Dans leurs sois disantes structures, y’a plus de chance de choper la crève qu’en restant ici par moins quinze…en plus si c’est encore pour m’faire chourer les trois quart de mes affaires et dormir avec quatre types qui ronflent…merci bien le service social !
-Non non, je ne fais pas partie des services sociaux, rassurez-vous…
-Ouais ben vous causez comme eux en tout cas…
-En tout cas merci pour la part de pizza, j’espère qu’elle ne vous fera pas trop défaut ! Hé bon, heu…si un jour vous voulez dormir à l’appart, vous gênez pas, j’suis au sixième…
-Y’a un ascenseur ?
-Heu…non, y’a pas d’ascenseur non…
-Ouais…bah je verrais hein. Non parce que vous savez, dormir à même le sol c’est pas très bon pour le dos, alors moi les escaliers j’ai du mal à les monter…
-Je comprend…bon hé bien heu…au revoir Simon, et bonne nuit…
-…ouais, c’est ça, bonne nuit à vous aussi, marmonnât-il en s’enroulant dans sa couverture et en me tournant le dos.
C’est un drôle de personnage qui vit là en bas de mon immeuble. Au moins, il me distrait des pensées que je ne cesse de ressasser toute la journée. Surtout qu’elles sont bien noires, même si je les teinte de rose…
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MessageSujet: Re: [Nouvelle] Suicide Festif   [Nouvelle] Suicide Festif Icon_minitimeSam 5 Mai 2007 - 21:54

A la demande orale de cartain forumeur, je continue la suite de ma nouvelle.

IV


Il reste quoi ? Je pourrais me pendre ? C’est pas une mauvaise idée ça,
la pendaison. Très médiéval, très old school comme on dit maintenant.
Cependant il reste un problème d’ordre technique majeur : je ne sais pas
faire de nœud coulant. Or, pour se pendre correctement, il faut savoir faire
un nœud coulant qui coulisse d’une part, et qui est assez solide d’autre part
pour supporter le poids du désespoir du futur pendu (en l’occurrence moi).
Encore une fois, on est bloqué. Et puis, où est-ce que je me pendrais ? Le
plafond de mon petit sixième est si bas qu’il suffit que je lève bien les bras
pour le toucher. Ensuite faire ça dehors, vous savez bien ce que j’en pense,
la petite fille, tout ça…
Avaler des médicaments ? Et je les trouve où, les médicaments ? Et si
j’arrive à en avoir, je les achète comment, les médicaments ? Et de toute
manière j’ai l’estomac très fragile, je serais capable de me ruiner pour tout
vomir une fois cette petite fortune avalé. Du gâchis en somme. En plus il
paraît qu’on se rate assez souvent, avec cette technique. Et puis je trouve
ça immoral, de vouloir se tuer avec ce qui est censé guérir. Je suis un
homme de principe, voilà tout. On ne se suicide pas n’importe comment
dans la famille, il y a des règles à respecter.
Enfin, je pourrais également me faire sauter la cervelle grâce à un bon
gros calibre. C’est direct, sans souffrance (enfin j’imagine), rapide. On peut
faire ça en intérieur sans le risque de déranger et d’être dérangé. Il y a en
outre très peu de chance de se rater, ou alors faut vraiment être un branque.
Et puis ça fait classe. Un peu gangster, adulte, mature. Alors que la
pendaison ou l’envolée, c’est très « adolescent en mal de vivre ». C’est peut-être
un préjugé mais c’est l’image que j’en ai.
Vous trouvez ça un peu glauque, cette dissertation sur la meilleure
manière de se tuer ? Je comprends. Mais c’est parce que vous ne vous
sentez pas concerné, et grand bien vous en fasse, encore ! Moi, comme
cette question est au centre de mes préoccupations actuelles, c’est normal
que j’éprouve le besoin d’en observer toutes les subtilités. Un peu comme
pour faire ses courses, ou acheter une nouvelle voiture, voyez ? On pèse le
pour et le contre, on observe l’offre des concurrents, le meilleur rapport
qualité/prix. Bah là c’est pareil…
Et puis de toute manière, le coup du gros calibre je peut laisser tomber
pour la simple et bonne raison que, comme les médicaments, je n’ai pas la
possibilité ni les moyens de m’en procurer un. Et puis avec la chance que
j’ai, au moment où je presserai la détente, le canon soigneusement posé sur
ma tempe, le flingue aura un raté et explosera au niveau de ma main. Ce qui
aura pour conséquence de me rendre manchot et donc dans l’impossibilité
de réitérer l’expérience (bah oui, je suis droitier je vais pas tirer de la main
gauche non plus, un minimum de savoir vivre, que diable !).
Bon alors après y’a les techniques plus underground, originales voir
décalées. Comme par exemple se balader dans un grand champs, par
temps d’orage, en tenant une barre de fer bien haut au dessus de sa tête.
Effet garantit. Par contre il faut se méfier, on peut aisément se faire voler la
vedette par un arbre ou un pylône. Il faut donc au préalable s’assurer que
rien de plus haut que vous ne se trouve dans les environs proches.
Dans le même registre champêtre, vous pouvez tenter une autre
technique. Exécutable (c’est le mot…) seulement à la période des moissons.
En effet, vous pouvez feindre de faire une innocente sieste en plein milieu
d’un champs dont les plantes sont assez hautes pour vous camoufler aux
yeux de ce brave agriculteur qui sifflote sur sa belle moissonneuse-batteuse.
Normalement, la moissonneuse ne fera, entre vous et les tiges de blés par
exemple, aucun détail et vous broiera, déchiquettera, et enfin vous
recrachera avec une fluidité tel que le paisible agriculteur ne se sera rendu
compte de rien. Enfin il faut tout de même pour cela éviter de porter de
grosse montre, chaînes ou autre objets métalliques qui risqueraient
d’endommager ce bel appareil (vous savez combien ça coûte ces bébêtes
là ?).
Ou alors de manière beaucoup plus simple, vous pouvez aller faire vos
courses de noël un samedi 23 décembre à la Fnac. Certains en ressortent
vivants, les plus braves, les plus forts et les plus déterminés. Mais la grande
majorité se retrouve compressée dans la masse humaine et meurt soit
d’étouffement, soit d’hémorragie interne.
Le problème, c’est que ce n’est ni la période des moissons , ni la
période de noël, ni la période des orages. Ha je me retrouve bien emmerdé !
A croire qu’on peut plus mettre fin à ses jours tranquillement dans ce pays
des droits de l’homme, un comble !
Non, je ne vois qu’une seule solution. La seule infaillible, discrète,
économique et praticable chez soi ! Elle est de plus inédite car issue
directement de ma propre cave mentale. Enfin pas la peine de vous
expliquer le fonctionnement, suffit de me regarder pour comprendre.
D’ailleurs, pour ceux qui aurait entreprit de vider leurs estomacs sur mon
linot, la serpillière est dans la cuisine, sous l’évier.
Sur ce, je souhaite à tous ceux qui liront cette lettre une agréable
journée, en espérant ne pas vous avoir trop ennuyés avec mes babillages
de futur cadavre.
Mes sincères condoléances, Thomas.



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