La presse étrangère s’intéresse presque plus que le commun des Français aux élections qu’ils considèrent comme passionnante. Car en effet les trois candidats qui font la course en tête sont des personnalités presque neuves à leurs yeux. Agés de 52 (Sarkozy), 53 (Royal) et 55 ans (Bayrou), ils paraissent même jeune par rapport au élections passés où les candidats frisait la 60aine bien entamée. De plus, les camps sont bien distinct et les oppositions réelles.
Alors que pense les étrangers de nos différents candidats ? Souvent leurs plumes sont assez exacerbées…
Sarkozy vu de Berlin par Dorothea Hahn (extrait)
Nicolas Sarkozy, ou le neoconservatisme à la Française. Comme ministre de l’intérieur, il s’est taillé une réputation de provocateur à coup de nouvelles lois sur l’immigration, d’expulsion à répétition et de déploiement policier sans cesse plus brutaux.[…] Il est également le candidat idéal pour le MEDEF : […] capable de rogner sur le droit du travail et le droit de grève, de réduire l’impôt sur la fortune et de poursuivre le démantèlement du service public. A quelque semaine du premier tour, Sarkozy cherche du soutien à l’étranger. […] A New York, pour l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, il a tenu à mettre en avant son statut de chasseur de terroristes. Une chose est sûre : avec Sarkozy aux commandes, c’en est fini de l’exception Française. S’il avait été au pouvoir, Paris n’aurait jamais menacé d’utiliser son veto contre la guerre en Irak en 2003.
[…]
En clair, les Français ne méritent pas un tel président.
Royal vu d’Amsterdam, par Sylvain Ephimenco (extrait)
« La femme est l’avenir de l’homme » chantait Jean Ferrat. […] Mais pendant que je chantonne le refrain de Ferrat, je sens subitement fondre mon ardeur. Le message est cinglant : « La femme est peut être l’avenir de l’homme, mais certainement pas Ségolène Royale. » Cela m’avait déjà frappé au cours d’un récent séjour en France : beaucoup de femmes ne veulent rien savoir de Ségo. Elles m’ont toutes répondu avec une grimace aux lèvres : les hommes sont décidemment aveugles. […] Ils ne voient en elle que la Blanche-Neige en tailleur immaculé, avec un éternel sourire aux lèvres et un charme incomparable. Mais ils ne comprennent pas que derrière ce visage angélique se cache un vrai démon.[…] Mme Royale serait voluptueusement autoritaire, agressive, arrogante, méprisante. Mais surtout, elle ne donne jamais de réponse quand les questions deviennent trop précises. Particulièrement quand il s’agit de parler d’économie ou de politique étrangère.[…] Serait-il effectivement possible que cette politicienne ne comprenne rien aux relations internationales ?[…]
La femme est toujours l’avenir de l’homme, mais le doute s’est bel et bien glissé en moi.
Bayrou vu de Londres, par John Lichfield (extrait)
François Bayrou ne s’appuie sur aucune structure. Il n’a aucune idée originale. C’est un homme honnête mais un piètre orateur, doté d’une personnalité falote. Son passage dans les années 1990 au ministère de l’éducation n’a laissé aucun souvenir, […] ce fut d’ailleurs sa seule expérience d’un poste gouvernemental. […]
La Bayroumania est-elle signe que l’électorat Français a mûri ? La France est-elle prête à renoncer à la stérile politique des chaises musicales droite-guauche depuis 25 ans ? […] Non, évidemment. L’engouement pour Bayrou est une nouvelle façon d’échapper au changement, et non d’y faire face. […]
Mieux vaut certes Bayrou que Le Pen. Mais il risque de n’offrir que cinq nouvelles années de dérive. Déçue par la mollesse du centre, la France se retournerait alors inévitablement vers les extrêmes destructeurs.