Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a demandé jeudi que "la justice soit implacable" et "d'une sévérité exemplaire" envers le responsable présumé de la mort d'un gendarme, fauché lors d'un contrôle routier d'alcoolémie dans les Ardennes le 1er janvier.
Le procureur de la République, Francis Nachbar, a indiqué de son côté que le responsable présumé avait été mis en examen jeudi pour "homicide volontaire aggravé, mise en danger de la vie d'autrui, conduite sous l'empire de l'alcool et de stupéfiants, et conduite sans permis".
"J'avais promis à la famille qu'on arrêterait les coupables. J'attends maintenant que la justice soit implacable avec ceux qui se sont comportés comme des assassins. C'est un acte délibéré", a déclaré à la presse Nicolas Sarkozy après les honneurs militaires rendus au gendarme à Charleville-Mézières en présence de la famille.
"Je le dis devant les autorités judiciaires, avec Michèle Alliot-Marie, nous attendons que la justice de notre pays s'exerce avec une sévérité exemplaire", a-t-il déclaré pendant la cérémonie, accompagné par la ministre de la Défense.
Le chauffard présumé, 23 ans et père de quatre enfants, a été placé en détention provisoire après avoir été arrêté mardi. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avait précisé le procureur, qui parle d'un "barbare de la route".
La veille, son avocate Me Marie-France Pêtre-Renaud, avait souligné qu'il reconnaissait les faits, mais récusait la thèse de l'homicide volontaire et plaidait celle de l'accident.
"Je ne suis pas persuadé que le jour choisi soit le plus opportun pour commencer à contester la qualification juridique", a répondu jeudi le procureur.
Toujours en garde à vue, les quatre autres passagers du véhicule, dont deux mineurs de 14 et 17 ans, devraient être mis en examen pour "non-assistance à personne en danger et non-dénonciation de crimes". Passibles du tribunal correctionnel, ils pourraient être placés sous contrôle judiciaire.
"Treize gendarmes ont été tués en service en 2006", a rappelé le ministre de l'Intérieur, qui a salué le rôle des gendarmes dans la lutte contre l'insécurité routière.
"Ils ont sauvé 9.000 vies en cinq ans", a-t-il ajouté, sans jamais citer le président de la République qui a fait de la sécurité routière l'un des trois grands chantiers de son quinquennat.
Michèle Alliot-Marie a déposé sur le cercueil du gendarme Jacques Lourties, - âgé de 41 ans et père de quatre enfants - la médaille militaire au nom du président de la République et la médaille de la gendarmerie. Le gendarme avait été promu major à titre posthume.
Les deux ministres ont rendu hommage à sa compagne, Angélique Noizet, gendarme également, et à son collègue, Grégory Aupied, présent au moment du drame à la sortie d'une boîte de nuit à La Neuville-aux-Joûtes, aux confins des Ardennes, de l'Aisne et de la Belgique.
Les obsèques privées du gendarme Lourties devaient se dérouler dans l'après-midi à Renwez (Ardennes), dans l'intimité.